February 20, 2025
L’article 59 paragraphe 1 du règlement (UE) 2017/745 relatif aux dispositifs médicaux (RDM) permet à toute autorité compétente, sur demande dûment justifiée, d’autoriser la mise sur le marché ou la mise en service d'un DM pour lequel les procédures de marquage CE n'ont pas été appliquées.
Cette autorisation est accordée lorsque l'utilisation est jugée nécessaire dans l'intérêt de la santé publique ou de la sécurité ou de la santé des patients.
En France, l’article L. 5211-3 II du Code de la santé publique (CSP) confère à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) la compétence pour accorder cet accès dérogatoire.
Ainsi, le directeur général de l'ANSM peut exceptionnellement autoriser la mise sur le marché et l'utilisation de DM non conformes aux procédures de certification (marquage CE), à condition que leur utilisation soit justifiée par un bénéfice pour la santé publique.
L’autorisation est délivrée soit à titre individuel pour un patient spécifiquement identifié, soit de manière globale pour un dispositif déterminé, et ce exclusivement en France pour une durée définie.
La demande d’accès dérogatoire se réalise désormais via le portail Démarches simplifiées et doit inclure tous les éléments nécessaires à l’évaluation des données de sécurité et du bénéfice attendu pour le(s) patient(s), en regard des risques liés à l'absence de respect des procédures standards applicables.
C’est le fabricant qui devra être à l’origine de cette demande et fournir la preuve que le dispositif répond à l’ensemble des exigences suivantes, même s'il n'a pas été certifié :
Exemple de demande : le retard de renouvellement du marquage CE
Le retard de renouvellement du marquage CE, lié à l’entrée en vigueur du RDM, peut justifier une demande d’accès dérogatoire lorsqu’il concerne un dispositif répondant à un besoin médical non couvert, en particulier pour des patients en situation d’impasse thérapeutique.
La demande devra être solidement étayée, notamment par des données cliniques de nature à prouver son efficacité et sa sécurité, ainsi que par des demandes écrites des professionnels de santé soulignant le bien-fondé de la demande et l’urgence de la situation pour le(s) patient(s) concernés le cas échéant.
La voie de l’accès dérogatoire engage la responsabilité de l’ensemble des parties prenantes :
L'ANSM dispose de plusieurs prérogatives à cet égard :
- Demander des informations complémentaires au fabricant ou au professionnel de santé le cas échéant,
- Retirer ou suspendre l'autorisation dérogatoire au regard notamment des risques pour le patient,
- Imposer des conditions spécifiques d'utilisation du dispositif, telles que des restrictions sur le nombre de patients bénéficiaires ou des exigences supplémentaires en matière de suivi clinique.
L'accès dérogatoire est une mesure exceptionnelle permettant de répondre à des besoins de santé publique urgents. Il ne constitue pas une alternative permanente au marquage CE. Le fabricant doit s’engager à entreprendre les démarches nécessaires pour obtenir la certification, notamment via le dépôt d’une demande d’investigation clinique. En aucun cas, cette dérogation ne peut être utilisée pour contourner la procédure d’évaluation de la conformité, celle d’investigation clinique ou de mise sur le marché.